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éditions qui y sont décrites. D’autre part, nous rappellerons que ce tome premier de la présente édition, consacré à B, en donne le texte intégral, avec les variantes de A pour les trois morceaux fournis par le « Premier Cahier », et les variantes de C pour les morceaux insérés dans B, qui en venaient[1].

Ce bref exposé laisserait volontiers croire que le volume précédent peut avoir donné une connaissance égale — et complète — de A, de B, et tout autant de C. Il n’en va pourtant point ainsi, à beaucoup près, en ce qui concerne C. La raison — la faute, si l’on veut — en est à l’auteur même des Rêveries, c’est-à-dire à sa méthode ici appliquée, ou plus simplement sa pratique de découpage, d’abord, de morcellement des textes, ici[2], à fin de juxtaposition, de réassemblage là, — et puis d’interversions continuelles comme de retouches incessantes, menues ou larges, — enfin d’addition de tirades ou de développements, voire de chapitres entiers[3] ! Telles sont les opérations laborieuses et singulières, confuses et quelque peu déconcertantes, d’où sortit le texte de C. « Nouvelle édition, avec des changemens et des additions considérables », annonçait la page de titre ? En effet.

De tout cela, de ce piquant « système de mosaïque », en disait-il, Joachim Merlant a, tout le premier, eu le sentiment fort net. Il l’avait, dès 1905, marqué dans sa Bibliographie des Œuvres de Senancour (p. 10), sommairement, avant de le mieux préciser dans l’introduction du volume de 1910 (p. ix et passim). Il n’en convenait pas moins, on le comprendra, de redire ces

  1. Il sera bien permis de regretter qu’aucune place n’ait été, là, réservée à D. Cette édition fera l’objet de notre tome III.
  2. Méthode, pratique menée à l’égard de B comme d’Obermann, indistinctement : on sait que Senancour avait alors décidé de ne point publier la seconde partie d’Obermann, et de ne jamais en réimprimer la 1re partie, selon l’avis liminaire inscrit dans C, et reproduit plus loin en fac-similé.
  3. En quoi rien d’inconscient de la part de l’auteur qui, au lendemain de ce qu’il faisait dire — à cet égard, alors — la note liminaire rappelée à l’instant, écrivait encore : « Tout est changé ou transformé. Dans les morceaux conservés, il n’y a pas même une seule demi-page qui n’ait au moins des corrections. Près de la moitié de la nouvelle édition est nouveau. [……] Et je crois qu’il y a peu d’exemples qu’un livre annoncé seulement comme nouvelle édition soit autant renouvelé. » Lettre à Boufflers, non datée (Cf. Rev. d’Hist. littér. de la France, 1906, p. 344).