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- perdre un jour : tous ses plaisirs seroient incomplets et
- stériles ; il ne seroit tout entier à aucun ; il auroit des
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- regrets, des craintes, des desirs ; il ne seroit jamais calme,
- il ne seroit pas heureux.
- Le bonheur véritable n’est donc accessible que dans
- une vie simple et circonscrite. Ce n’est pas à dire qu’une
- telle vie soit nécessairement heureuse ; elle ne sauroit
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- l’être si l’on y porte des passions étrangères à son sort,
- une ame étroite et dépendante, un cœur vide et déjà
- flétri.
- Le sentiment de sa propre existence doit primitivement
- suffire à l’être qui se connoît lui-même. Puisqu’il sent, il
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- jouit ; il est heureux de cela seul qu’il vit, et jouit de cela
- seul qu’il se conserve pour jouir. Toute situation indifférente
- lui est bonne, et il repose dans la permanence du
- bien-être tant qu’il ne sent pas péniblement. Le mal qu’il
- trouve dans la nature est si instantané qu’il ne peut flétrir
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- sa vie. Le bonheur est son état nécessaire ; | exister est
- le bien suprême. Il peut souffrir un moment, mais non
- cesser d’être heureux ; car le malheur n’est pas dans la
- douleur qui passe aussitôt, mais dans la durée des douleurs.
- Il faut une succession suivie, une continuité dans le
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- mal pour constituer l’état de malheur. Pour lui, il ne
- sauroit être malheureux, il cesse de souffrir ou bien il
- cesse de vivre. Tout animal libre vit content et sain, occupé
- de conserver son existence et non de la supporter ; s’il est
- attaqué, il est en un moment vainqueur ou dévoré ; s’il est
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- blessé, il ne tarde pas à guérir, ou bien il meurt aussi-
133-4. existence suffit primitivement à – 134-5. sent, il est heureux ; il l’est de – 135. vit ; il jouit par cela – 139. est tellement passager qu’il – 141-2. mais sans être malheureux ; car – 143. douleur, mais – 144-7. douleurs. Tout animal libre cesse de souffrir ou cesse – 147. sain : il est occupé – 150-1. blessé, il meurt, ou il ne tarde pas à guérir. Parmi