- n’existent que pour la foiblesse des mortels : raisons de
- choix pour la partie isolée, rapports circonscrits dans une
- sphère individuelle ; mais nuls dans la nature qui, contenant
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- toutes choses, les contient également, subsiste par
- toutes, et les produit toutes avec une même nécessité.
- Que lui importe que le mortel se joue sur la rive fleurie,
- ou s’engloutisse dans l’abîme des eaux ; qu’il secourre
- son semblable ou poignarde son ami ; qu’il jouisse ou
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- souffre, naisse ou meure ? Que lui importe que le
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- soc | féconde la terre ou que le bronze vomisse la mort ?
- Qu’importent et les vertus et les joies des mortels, et
- leurs douleurs ou leurs crimes, et leurs amours ou leurs
- fureurs ? La même cité nourrit le Décius qui s’immole à
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- son salut, et le Néron qui la livre aux flammes et aux
- bourreaux. La même terre contient les vergers heureux et
- les volcans dévastateurs. Le scélérat triomphe, le héros
- meurt ; le verger s’épuise, le volcan s’éteint ; une même
- ruine dévore et l’animé et l’inanimé ensevelis dans un
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- même oubli ; et dans un monde renouvelé, il ne subsiste
- nulle trace de ce qui fut abhorré ou divinisé dans un
- monde effacé.
- néant ? Lorsque l’on dit que l’univers est bon, ou qu’il est en
- même tems bon et mauvais, l’on dit une absurdité ; mais lorsqu’on
- prétend qu’il est mauvais, il semble que c’en soit une plus
- grande encore, car l’on sent d’abord que cette assertion en renferme
- plusieurs également erronées.
– 11. néant ? L’univers n’est ni bon ni mauvais. Il y a pourtant un sens dans lequel on pourroit dire que l’univers est bon. Mais ce qui seroit visiblement absurde, ce seroit de prétendre qu’il est mauvais. – 206-37. – 207. mortels. Ce sont des raisons – 208. des rapports – 213. ou qu’il soit englouti dans – 214-5. ou qu’il poignarde – ou qu’il souffre, qu’il – qu’il meure ? Qu’importe – 217. Qu’importent les vertus ou les joies mortels, leurs – 218. crimes, leurs amours et leurs – 220. ou aux bourreaux – 221. vergers abondans – 224-5. ruine confond et ce qui s’élève et ce qui tombe ; l’instinct et la pensée, le génie et le désir périssent dans un même oubli : sur le globe renouvelé – 226-8. divinisé sur le globe d’un autre âge. La mouche, l’homme et les mondes ont leur sépulcre dans la nature essentiellement vivante. – * Une même force