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- fondeur des deux, ni vivre un jour sans calculer la succession
- des siècles ? N’ai-je reçu des conceptions ineffables
- que pour m’irriter de mon néant, et des espérances
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- immortelles que pour abhorrer l’heure de ma
- destruction ?
- De cette étonnante élévation, d’où j’observe l’essence
- des êtres et juge la nature, quelle force irrésistible me
- précipitera dans l’éternel néant ? L’anéantissement est
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- contradictoire…… mais l’immortalité est impossible.
- Ainsi se combat et s’égare la raison humaine dans ses
- assertions téméraires.
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- Ô profondeur vraiment sinistre, tu appartiens à la
- dissolution mais le renouvellement ne peut te reproduire !
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- Tu as vécu, tu as senti, tu as pensé durant un jour rapide,
- pour ne plus penser, ne plus sentir jamais… jamais. Cet
- univers s’épuise et s’alimente, se dévore et se renouvelle ;
- il subsiste toujours vieilli et toujours renaissant mais toi,
- tu ne renaîtras pas. Les tems s’écouleront incalculables,
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- une seule heure ne te sera pas donnée. Des siècles plus
- heureux consoleront l’humanité ; tu ne verras pas ces
- siècles plus heureux. La nature te devient étrangère, tu
- ne l’admireras plus, tu ne l’entendras plus. Ce soleil se
- levera, tu ne le verras pas ; la terre fleurira, tu ne le sauras
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- pas. Ce chêne, déjà vieux quand tu naquis, ranimera
- ses rameaux séculaires ; mais son ombrage rajeuni s’étendra
- sur ta tombe. Celle que tu aimois… elle t’appelle ;
120. pour aspirer à l’heure – 122. j’observe et juge – 124-8. néant ? Profondeur – J’appartiens – 129-30. me reproduire. J’ai vécu, j’ai senti, j’ai pensé durant un jour, pour – 131. sentir… jamais. Cet – 133-4. mais moi je ne renaîtrai pas. Les temps – 135. me sera – 136. je ne verrai – 137-8. heureux. Ce soleil – 139. je ne le verrai je ne le saurai – 140. je naquis – 141. mais l’ombrage – 142-54. ma tombe. *Homme trompé.