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- funeste et la plus sinistre altération de notre nature ; il se
- nourrit de lui-même, et se fortifie par sa propre durée ; il
- repousse tout soulagement, il est sans terme, il est
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- irrémédiable ; il produit l’inaction, et l’inaction le perpétue ;
- il fait taire les passions, et leur silence le livre à lui-
- même. Il décolore et flétrit la perpétuelle régénération
- des jours ; vainement leur succession incertaine et variée
- place l’illusion dans leur mobilité, et les rend intéressans
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- parce qu’ils sont précaires vain prestige de la vie, charme à
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- jamais inutile à | nos cœurs désenchantés. Seroit-il
- quelqu’heureuse attente pour nous qui n’avons plus de
- desirs, ou quelque ardeur vers un terme dédaigné ? La
- suite de nos années n’est plus qu’une longue fatigue,
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- parce que nous n’aimons rien dans leur durée ; et de
- même tout ce qu’elles offrent dans leur versatilité, nous
- paroît insipide, odieux, ou vain, parce que leur durée
- toute entière est à jamais stérilisée. L’ennui de nos jours
- rend chacun d’eux pénible ; et le poids de chacun d’eux
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- ajoute à l’ennui de tous. Voudrions-nous chercher en
- nous des forces que le dégoût a consumé, et nous
- alimenter de notre propre substance, quand l’inanition
- est dans notre cœur même ? Voulons-nous recourir à
- l’austère morale, toute sévérité demande de la force, et
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- notre mal n’est autre chose que notre foiblesse ; à de
- grands desseins, ils demandent de l’enthousiasme, et
- nous sommes froids ; ils veulent de grands efforts, et
- nous sommes dans l’apathie. Prétendrons-nous vivre
- en sages : nul ne seroit mieux préparé ; nous sommes
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- désabusés des passions et pénétrés du néant de la vie ;
- mais il nous faudra le caractère du sage, et c’est ce
- que nous n’aurons pas ; car le sage est ferme, et nous
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- nous abandonnons il est constant, et nous sommes
- variables comme les impulsions extérieures : il se pas-