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paux, celui d’attraction et | celui de projétion ? tout seroit

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il double dans la nature ? toute cause auroit-elle deux
effets opposés ? tout effet auroit-il deux causes contraires ?
et tout étant à la fois cause et effet, la balance, toujours
fixe quoique pressée sans relâche par d’innombrables
efforts, se maintiendroit-elle dans l’équilibre seulement

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par l’égale force de cette tendance, ou par une harmonie
plus positive, préétablie entre les deux principes ?……



    toire naturelle, distribue ces deux mouvemens aux deux matières,
    brute et active. Mais on pourroit demander ce qu’est une matière
    brute qui se meut et en quoi elle diffère essentiellement de la
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    matière active. Je croirois que l’inertie de l’une, opposée à l’effort
    de l’autre, suffiroit pour rendre raison de ces deux mouvemens
    primitifs. Le feu élémentaire, dans son mouvement expansif,
    s’efforce d’entraîner la matière indifférente sur une ligne de
    projétion ; mais elle peut être repoussée vers son centre, par une
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    autre force de projétion, quand la première vient à s’affoiblir ;
    ce qui se conçoit facilement, parce que l’on est forcé, pour expliquer
    l’action du feu élémentaire, d’assigner à ses parties leurs
    sphères particulières d’activité qui se résistent et se limitent
    mutuellement. Cette sorte de réaction pourroit rendre raison
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    des phénomènes que l’on attribue à l’attraction. Mais en se livrant
    aux suppositions, l’on peut arranger ingénieusement des
    chimères ; et cette vaine industrie n’explique pas la nature.