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- veillance les allège et les rend tolérables. Souffrant, confie
- tes peines si tu ne veux le désespoir ; jouissant, communique
- tes joies si tu veux en connoître d’indicibles. Dans
- l’enthousiasme de la volupté comme sous le poids du
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- malheur, toujours entraîné foible et dépendant, ô homme
- appuie-toi sur ton frère. La nature vous unit dans la
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- conformité [S 1] de vos sensa|tions, elle vous protège l’un par
- l’autre ; mais vous vous déchirez pour le stérile honneur
- de la combattre, et vous trouvez vos plus affreux malheurs
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- dans le bonheur exclusif que vous avez si imprudemment
- cherché. Elle vous disoit à tous : aime, console, jouis et
- fais jouir ; jouis dans toi-même et dans tout ce qui
- ressemble à toi. Elles passeront les lois atroces et les
- superstitions sanguinaires ; ils passeront les stériles efforts des
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- vertus austères et les écarts effrénés, plaisirs de la servitude ;
- mais la loi primitive ne périra jamais. Un jour
- peut-être le bonheur naîtra de son précepte immuable,
- nos calamités s’effaceront dans l’oubli des erreurs qui la
- combattent ; les momens rapides, que nous appelons les
- chercher le bien des autres, nous fassions notre propre mal ? quel
- homme aura de telles vertus si jamais il raisonne ses devoirs et
- ses besoins ? et quel ordre moral que celui où l’on ne sauroit être
- qu’un méchant, ou une dupe, ou un fou ?
- ↑
- Dans ce rapport général les différences individuelles sont
- même beaucoup moins grandes que l’on ne pense. Parmi nous
- cette différence est due presqu’entière à la prodigieuse diversité
- d’opinions et de circonstances.
- ↑
- C, XXIVe Rêv., p. 156 = l. 591-608. – 591-3. La nature nous unissoit
- par la conformité des sensations mais nous nous déchirons pour – 594-6. et nous trouvons nos maux les plus irremédiables dans ces avantages exclusifs que nous avons cherchés si impudemment [sic]. La nature disoit à tout être social : Aime – 597. et dans ce – 598-600. à toi. Un jour elles ne seront plus les lois absurdes, et les superstitions haineuses ; ils ne seront plus les stériles préceptes des vertus – 601-8. servitude. La loi primitive règnera alors ; car la vraie morale ne périra jamais. Ces momens que nous nommons les siècles de civilisation, se