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- erreur, mes frères, abjurez cette raison mondaine. Vos
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- moindres fautes embrasent sa colère et appellent ses
- vengeances ; mais nous vous prescrirons des expiations qui
- retiendront son bras toujours prêt à foudroyer. Moyennant
- ces combats, ces sacrifices, ces prières, ces macérations,
- vous obtiendrez une éternité de contemplations ineffables,
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- si ; après la vie la plus méritoire, une mauvaise pensée ne
- vient à l’instant de la mort vous plonger pour jamais dans
- les abîmes infernaux. Car l’offense ne diminue point par
- la foiblesse du coupable, mais elle s’accroît avec la grandeur
- de l’offensé. Vos sages, qu’inspirent évidemment les
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- démons, vous disent que le puissant s’abaisse en se
- vengeant d’un foible ennemi : ils vous entretiennent de
- pardon, de générosité ; ce sont toutes sujétions de l’esprit
- de ténèbres : il ne faut jamais pardonner à ces philosophes,
- et il ne faut être généreux qu’envers les ministres
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- des autels. Les choses célestes sont quelquefois d’un autre
- ordre que les choses mortelles. Dieu est foible comme
- l’homme lorsqu’il aime ou pardonne, et nous avons trouvé
- que c’étoit la bonté subordonnée à la justice : mais il est
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- vraiment | Dieu dès qu’il punit ; il est infini, impénétrable
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- lorsqu’il se venge : c’est-là sa grandeur suprême, l’attribut
- divin. Il n’est pas de vertu sans effort ; et Dieu mérite
- bien que le foible mortel se sacrifie à lui, c’est-à-dire, à
- son culte, à ses ministres. Réprimez vos penchans, cela
- lui est agréable, parce que cela est pénible : étouffez toutes
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- vos passions, détruisez en vous l’homme de la nature pour
- y substituer l’homme de la grâce docile à nos vues. Ne
- doutez pas un moment, tout examen est une impiété,
- toute discussion est un blasphème ; d’ailleurs la religion
- la plus absurde [S 1] aux yeux profanes est nécessairement
- ↑
- Un père de l’église a dit : Je le crois parce qu’il est absurde,
- je le crois parce qu’il est impossible.