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- ses maux et nourrit ses desirs, ne lui fut-elle donnée
- que pour que les imposteurs ministres d’une destination
- céleste et les enthousiastes d’un vain songe de
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- perfectibilité, promènent son inquiétude d’erreurs en
- erreurs, et appesantissent sur lui le joug des privations et
- des douleurs par la main même qui le guidoit à la
- félicité ?
- Ce desir du bonheur est le principe de toute vertu, de
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- toute action, de toute recherche. Les insensés qui en ont
- fait un crime, ont étouffé le germe qu’il falloit féconder ;
- n’en pouvant créer un autre, ils n’ont su rien produire,
- et n’ont obtenu que le triste succès d’avoir flétri le cœur
- humain et brisé les liens naturels. D’autres, plus fanatiques,
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- ont proscrit l’amour [S 1] qui enchaîne tous les rapports,
- et, par le charme du bon, facilite tous les devoirs,
- pour y substituer ce moyen destructeur, ce ressort
- comprimant ennemi de toute énergie, l’aversion, et son sceptre
- odieux a régné sur l’abaissement de toutes les volontés et
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- le silence | de tous les cœurs. Environnés de ruines,
- ministres de haines, de terreurs, de ténèbres, ils se sont
- dits les organes du dieu d’amour et de vérité.
- Nos besoins réels et dès-lors nos besoins sentis étoient
- ↑
- L’amour en général, l’affection, les passions appétentes.
- l’impérissable espérance, la source la plus féconde de leurs maux, ils y trouvoient un aliment des désirs et une distraction dans les ennuis. L’espérance ne nous a pas été donnée pour que des imposteurs en reculent l’objet dans les régions imaginaires, ou pour que d’autres enthousiastes nous promènent d erreurs en erreurs dans un songe de perfectibilité.
- ↑
- C, XXe Rêv., p. 131 = l. 294-305. – 294-6. Le désir du bonheur étant le
- principe de toute action, pouvoit être le principe de toute vertu. Les insensés qui l’ont déclaré criminel, ont – 296. qu’ils eussent dû féconder – 297-8. produire, ils n’ont – 298-305. succès d’affoiblir les premiers liens. Ils ont été jusqu’à proscrire l’amour qui unit tous les rapports, et qui rend les devoirs aimables, pour y substituer ce moyen de compression, ce ressort destructeur, l’aversion qui règne sur l’abaissement des volontés et dans la funèbre agitation des coeurs.