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- La religion qui s’affoiblit va lancer ses foudres. La
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- foiblesse, menacée par la haine ouverte, appelle la trahison
- qui élude. Le bien que l’on promet déguise le mal
- que l’on va faire ; l’intérêt de tous que l’on prétexte justifie
- celui de plusieurs que l’on cherche, ou prépare la
- ruine générale que l’on médite. Tromper les hommes est
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- l’adresse d’un guide profond ; les sacrifier en masse est
- une mesure de sûreté ; les égorger est trop équitable. La
- victime doit être enviée sous le couteau consacré, et l’on
- insulte aux morts que l’on a dévoués par le rare bienfait
- d’une gloire qu’ils n’ont pas voulu. Quand le crime a
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- choisi ceux qu’il | daigne proscrire, un crime plus sinistre
- applaudit insolemment à leur sacrifice et les proclame
- heureux de ce qu’ils ont vécu.
- Dès que l’on a opposé les devoirs aux desirs et les inclinations
- à la loi, il a fallu écarter en la déclarant impie la
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- redoutable main de la raison. Pour dénaturer la volonté
- publique, il falloit un prodige de prudence dans les
- gouvernans ou de docilité dans les gouvernés, et l’on s’est
- assuré de celui-ci du moins, en mettant les tables de la
- loi dans la splendeur céleste du Sinaï, en faisant descendre
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- le livre [S 1] sur les ailes de Gabriel et annoncer l’heureuse
- nouvelle [S 2] par l’esprit de feu : mais un jour vient enfin où le
- peuple prosterné soupçonne que ces tables peuvent être
- brisées, il se lève et les brise ; que la nouvelle heureuse
- est une foible copie d’un rêve antique, il la dévoile et la
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- Al Coran le livre des préceptes ou El forcan, qui distingue
- le bien et le mal.
- ↑
- Ευ άγγέλλω. J’annonce bien.
- d’un guide supérieur ; les égorger – 222. consacré. L’on – 224. n’avoient pas voulue : quand – 225. un attentat plus – 226. au sacrifice – 227. heureux dans leur désespoir.