- qui convient à sa nature. Un instant interrompt tout le
120
- sublime délire de ce génie mortel ; il s’arrête étonné de
- n’occuper qu’un point et qu’un moment dans cet univers
- qu’il contenoit tout entier, il sent que tout est vain dans
- une existence si vaine, et ne s’occupe des soins de la
[129]
- vie que | comme ces vieillards dégoûtés de toute chose
125
- sérieuse, et qui reprennent avant la mort les jeux du premier
- âge, trouvant que ce n’est plus la peine de rien
- entreprendre de meilleur.
- Vainement ton génie inquiet te commande de grandes
- choses, vainement ta profonde sensibilité t’apprend ce qui
130
- seroit convenable à ta nature dans la multitude des choses
- possibles que le présent ne contient point : elles seront,
- mais alors tu ne seras plus. Cela est contradictoire à tes
- yeux ; tu cherches à toute chose une raison semblable à
- celle que l’homme éprouve en lui lorsqu’il se détermine.
135
- Mais la raison du cours de l’univers est composée de
- rapports si innombrables, que beaucoup de rapports
- particuliers ne peuvent lui être coordonnés. Bien d’autres
- auront senti de même, et tandis qu’ils plaignoient dans
- leur solitude le malheur des hommes, la terre, qui n’en a
140
- rien su, adoroit ses dévastateurs. Depuis cinquante siècles
- connus, elle rampe avec la même stupidité de misères en
- misères. Que sont donc tes prétendus droits au bonheur ?
– 119-20. qui conviendroit à sa nature*. Une réflexion vient suspendre le sublime – 121-4. et qu’une heure dans cet univers qu’il croyoit contenir en lui ; tout lui paroît méprisable dans une existence si foible : il ne s’occupe plus des soins – 125. sérieuse, qui – 126-7. âge, voyant que ce n’est pas la peine d’entreprendre une œuvre savante. – 128-35. *Que la froide vérité est difficile à l’homme ! Ce que vous cherchez, sera : et alors, vous ne serez plus. Les raisons du monde ne sont point semblables à celles que l’homme trouve en lui lorsqu’il se détermine. Le cours – 135. composé – 136. si nombreux – 137-9. peuvent se concilier avec le tout. Plusieurs avant nous ont senti de même : et tandis que, dans la solitude, leur pensée se chargeoit gratuitement du poids des malheurs publics, la Terre, qui – 141. rampe de – 142-211. misères : les