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HUITIÈME RÊVERIE
- Lorsque les premiers frimats ont achevé de dépouiller
- les arbres et de resserrer la terre ; lorsque semblant
- terminer sans retour les douceurs de l’automne, ils ont forcé
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- notre espoir à n’en plus attendre que de la saison de
- renouvellement, souvent il arrive que tout à coup l’air
- s’adoucit, et le ciel prend un aspect plus heureux : la terre
- reposée se livre avidement à ces influences, et l’homme facilement
- séduit croit, dans quelques jours froids et sombres,
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- avoir passé toute entière la saison des frimats ; il jouit
- déjà du printemps avant même le solstice d’hiver. Dans
- ces jours incertains un vent, un brouillard suffisent pour
- ôter à la terre ses inutiles émanations, et à l’homme sa
- touchante erreur ; mais ces instans du moins ont un
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- charme égal aux jours les plus rians du printemps et les
- plus doux de l’automne. Je ne sais même si leur volupté
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- n’a pas | quelque chose de plus achevé : elle réunit
- l’espoir et la mélancolie, tandis que les joies du printemps
- manquent de douleur, et que la mélancolie d’automne
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- n’a point d’espérance. Cette volupté ineffable mais précaire,
- se soustrait par son inconstance même à l’art stérile
- qui efface les impressions en raisonnant les jouissances.
- C’est ainsi que nulle fleur ne nous touche davantage que
- la Violette cachée sous l’herbe : le sentiment qui en émane
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- s’offre à nous et s’y refuse aussitôt ; nous le cherchons en
- vain, un léger souffle a entraîné son parfum, il le ramène
- et l’entraîne encore, et son caprice invisible a fait notre