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aujourd’hui ? Je ne puis oublier une réflexion qui m’a beaucoup soulagé, et qui aura peut-être la même force pour diminuer votre affliction. À mon retour d’Asie je faisois voile d’Égine vers Mégare, j’ai fixé les yeux sur les pays qui étaient autour de moi. Égine était derrière, Mégare devant, Pyrée sur la droite et Corinthe à ma gauche ; toutes ces villes autrefois célèbres et florissantes, sont aujourd’hui renversées et presque ensevelies sous leurs ruines. À cette vue je n’ai pu m’empêcher de tourner mes pensées sur moi-même. Hélas ! disais-je, comment nous livrons-nous si amèrement à la douleur pour la mort de nos amis dont la vie doit être si courte, tandis que les restes de tant de villes fameuses sont étendus devant nos yeux sans vie et sans forme ? Croyez-moi cette méditation