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Servius Sulpicius à M. Tulius Ciceron.

« Pourquoi donc vous livrer à la tristesse avec si peu de modération ? Considérez comment la fortune nous a déjà traités. Elle nous a privés de tout ce qui nous est aussi cher que nos enfans, de notre patrie, de notre crédit, de notre dignité et de nos honneurs. Après tant de pertes, quel mal pouvons-nous recevoir d’une disgrâce de plus, ou comment peut-il nous rester quelque sensibilité, pour ce qui ne peut jamais égaler les malheurs que nous avons déjà ressentis ? Est-ce le sort de votre père que vous pleurez ? Eh ! comment ne faites-vous pas réflexion à ceux qui dans le temps où nous sommes ont payé le dernier tribut à la nature, sans avoir eu beaucoup à souffrir dans la vie ? Connaissez-vous quelque chose dans les circonstances présentes qui ait pu la faire