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l’embarrassante situation où je me trouvais avec mon mari ; toujours livrée à d’affreux soupçons, mon imagination me le représentait souvent les yeux étincelans de fureur, et un tremblement universel me saisissait à l’instant. Mon amie, vivement affectée de mes chagrins, et empressée de réparer le mal dont son frère était l’auteur involontaire, s’occupait de me procurer des dissipations propres à en écarter le souvenir. Le chagrin, me disait-elle, est un ennemi qu’on s’efforce envain de combattre par la raison, et à force ouverte. Il faut s’occuper d’en affaiblir l’impression par la domination de quelqu’objet qui captive l’esprit, ou par la succession rapide et variée de tableaux divers, qui s’oppose à un état habituel de réflexions. Elle vit avec plaisir que je m’occupais du dessin que j’avais