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familiarités que le mariage autorise autant d’outrages à l’amour. Comment le cœur tout rempli d’un autre, peut-on sans fausseté se permettre les plus petits témoignages d’affection, que les liens du mariage changent pour celui qui les reçoit en preuves d’amour ? Comment, me disais-je, se résoudre à la nécessité de tromper, ou à celle de rendre quelqu’un malheureux ? Enfin si mon amour est connu de la personne qui l’inspire, n’est-elle pas en droit de regarder tout ce que je lui ai dit comme des mensonges ; mes regards passionnés, mes gestes, mes manières, comme le produit d’un habile artifice. Mais laissons ma façon de penser et de sentir, lorsqu’il est question des hommes ; ils ne sont pas capables des mêmes délicatesses, croyez que le Marquis, et je le souhaite bien vivement, acceptera les brillantes et