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avait fait naître les premières impressions que j’avais faites sur lui. — C’est donc elle, que vous aimez en moi ? — mais quelle peine peuvent vous faire mes sentimens pour une personne qui n’est plus. J’ai été frappé de la beauté d’une rose et j’ai couru après une autre, semblable en tout à la première. Il ne s’agit point de personnes, mais de beauté ; mais d’esprit ; mais des qualités de l’ame ; eh bien ! le modèle que je m’en suis fait, l’idée du beau, le principe d’affection que la nature a gravé en moi, se sont trouvés dans deux personnes, et j’ai aimé dans elles deux les mêmes perfections. Vous finirez, lui dis-je, par me persuader ; mais ne pouvant juger de moi-même par vos éloges, je voudrais, pour juger si la passion ne vous fait pas illusion, savoir quelle était la personne que vous avez vue