Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

m’arrivait toutes les fois que j’en rencontrais. J’étais venue à Paris pour voir le Chevalier, il en était reparti, et s’était rendu à Londres. L’espoir de l’y trouver me fit entreprendre aussitôt le voyage ; mais je fus long-temps sans pouvoir rien apprendre de lui. J’allais presque tous les jours à tous les spectacles, et aux promenades publiques, espérant toujours le rencontrer. Je désirais aussi que ce fût le hasard qui m’offrît à ses yeux et de voir si l’œil d’un amant serait plus pénétrant que celui des indifférens, et s’il retrouverait mes anciens traits, dans ceux que la petite vérole avait altérés. J’avais peine à m’accorder avec moi-même. Tantôt je désirais qu’il me reconnût, et tantôt qu’il devînt épris de la nouvelle personne que j’offrirais à ses yeux : alors j’étais jalouse de moi, et