Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/335

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’espoir, dans l’époque actuelle, ne se répand dans l’ame de celui qui est condamné, il est au comble du malheur, et ce malheur lui est commun, au moment même, avec trente victimes dont il fait nombre, et cent personnes distinguées par la naissance, les emplois, la fortune, ont été immolées les jours précédens, sans produire aucune sensation. Chacun de ses compagnons d’infortune est trop occupé de lui-même pour partager les angoisses d’un autre. Les spectateurs habitués à de sanglans spectacles, voient passer d’un œil sec le char funèbre où il est assis, et ne distinguent aucune victime, si ce n’est quelquefois pour l’insulter. Le malheureux ainsi conduit à l’échafaud est obligé de renfoncer ses larmes qui ne toucheraient personne ; il rentre en lui-même et s’absorbe dans la résignation,