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ne m’a pas quittée, et répétant avec vivacité : quoi me fuir ! courir ! il m’a prise dans ses bras et m’a serrée fortement, et pendant une minute ou deux il est resté immobile en me regardant de l’air le plus passionné. Je me suis efforcée de me dégager et un mouvement que j’ai fait m’ayant rapprochée de son visage, il a pressé ma bouche de ses lèvres à plusieurs reprises, avec une ardeur effrayante. J’ai crié et Bertrand est accouru. Jugez de ma confusion, c’est alors seulement que le Marquis m’a laissée libre. M’étant arrêtée un moment, à quelques pas de lui, je l’ai regardé avec indignation, et lui ai dit : je ne vous reverrai jamais. Je crois même avoir murmuré le mot d’insolent. Qu’ai-je fait ! a-t-il répondu, comme revenant à lui, je suis un homme perdu ! Il a été assez long-temps sans rentrer et est revenu