Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/264

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étouffés. Le feu semblait prendre de nouvelles forces, lorsque le Marquis, que la providence m’avait engagé à amener ici, a tout d’un coup saisi une bâche de la main d’un palefrenier, et s’est élancé comme un trait vers l’escalier à demi-consumé, qu’il a monté avec une égale vîtesse. Des cris d’admiration se sont fait entendre parmi les domestiques, et nous avons été quelque temps dans la plus cruelle incertitude. Jugez de notre joie, Mademoiselle, lorsque nous avons aperçu ce brave gentilhomme, tenant dans ses bras ma nièce, tirant après lui sa mère, et descendant l’escalier ; une femme de chambre qui les suivait, ayant porté son pied sur une marche qui s’est enfoncée, elle est tombée dans le vestibule, et s’est cassé la jambe. Enfin, nous avons embrassé, les yeux inondés de larmes, et le cœur suffoqué