Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/263

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vous saurez, Mademoiselle, que cette nuit, vers les deux heures du matin, nous avons été réveillés par des cris effrayans, et m’étant levé, j’ai vu l’aile du château dans laquelle habitent ma belle-sœur et sa fille, tout en feu. Tout le monde était dans un trouble qui ne permettait pas d’agir, ou du moins utilement ; chacun criait, se désespérait et on a été longtemps à faire jouer une pompe fort mal en ordre. Nous étions, dans la cour, mon frère, son gendre et moi, tous à demi-nus et désolés ; peu ingambes tous trois, nous ne pouvions que promettre de l’argent aux domestiques qui tenteraient de délivrer ma sœur et ma nièce des flammes qui enveloppaient leur appartement. Deux ou trois l’ont tenté ; mais ils ont été repoussés par la fumée qui les a aveuglés et presque