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tendre retour les sentimens d’une vive affection ? mais le Marquis, me direz-vous, est amoureux, et la loi du devoir vous prescrit de lui interdire toute espérance, et de vous refuser à recevoir des témoignages de sa tendresse ; elle vous prescrit de maîtriser vos propres sentimens, et de défendre à votre cœur toute affection qui s’élève au-dessus de la simple amitié. J’ignore si ce que j’éprouve est de l’amour, ma chère Émilie, et à tout hasard je me conduis comme si j’en étais assurée ; je m’interdis la plus innocente familiarité avec le Marquis, et j’évite les occasions d’être seule avec lui. Que puis-je faire de plus ? mais n’est-ce pas reconnaître l’empire de l’amour sur moi que de m’efforcer de le combattre ?

Enfin mon portrait est achevé ; tout le monde en est enchanté, et je