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désirer une froide reconnaissance, et je serais malheureux si je n’espérais pas, qu’elle regrette un peu les momens que nous avons si doucement passés ensemble sans trouble et sans crainte. Je suis prêt à m’abandonner au désespoir, quand j’envisage l’avenir. S’il faut pour que je puisse jouir de la plus aimable société, que le temps ait affaibli l’impression que m’a faite la Comtesse, c’est-à-dire, qu’il faille que je sois moins sensible au plaisir de la voir, je ne vois pas quel sera le terme de mes privations. On a dit que l’amour ressemblait quelquefois à la haine, et je l’éprouve en ce moment où je suis obligé de fuir la personne que j’aime le plus, comme si je la haïssais…

J’en étais là de ma lettre, ma chère cousine, et de mes tristes complaintes, lorsque le Commandeur est entré chez