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J’ai été bientôt obligé de quitter le lait parce que la fièvre m’a pris, et j’étais réduit à une vingtaine de louis, lorsqu’il m’est arrivé deux cents ducats de je ne sais où. D’abord, j’avais songé à vous ; mais la somme m’a paru trop forte, non pour votre cœur, mais pour vos facultés ; enfin, quelques jours après, j’ai reçu de France par une voie détournée, deux cents louis. Me voilà donc, comme vous voyez, en état d’attendre les événemens. Votre lettre m’a sensiblement touché, ma chère cousine, et c’est bien le denier de la veuve que vous m’avez envoyé ; mais heureusement je n’ai pas besoin de ce secours, qui pénètre mon cœur de reconnaissance. Je vous envoie donc vos cinquante ducats, qui sont peut-être la moitié et plus de ce que possède ma généreuse cousine. La pauvreté et le malheur ont donc leurs