Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/217

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’à vous, mais ne signifiera rien pour les autres. J’ai bien songé à votre situation, ma chère amie, et à celle du Marquis, par intérêt pour vous. Il vous aime, cela n’est pas douteux ; mais il est honnête, et vous connaît assez pour savoir qu’il n’a aucune espérance à former, et l’amour, je crois, ne peut vivre longtemps sans espoir. La passion, après l’avoir quelque-temps tourmenté, finira donc par se changer en amitié ; car enfin, qui est-ce qui s’est avifé d’être malheureux, parce qu’il ne possédait pas le château de Versailles ? Pour vous, ma chère amie, vous avez plus à vous défendre des autres que de vous-même, en étant aimée d’un homme que son respect tiendra toujours dans un certain éloignement ; vous avez plus à craindre l’interprétation qu’on donnera à vos sentimens,