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peu la vraisemblance. J’ai repris le livre, et c’est alors que j’ai pu juger cet admirable ouvrage que je relis tous les ans. Clarisse est le plus beau caractère qu’on ait jamais tracé, et il est impossible de mettre plus d’art que Richardson, dans l’assemblage des circonstances qui font entrer une personne si vertueuse, si mesurée dans sa conduite, en correspondance avec un jeune homme, dont on attaque fortement la réputation. Ces circonstances la forcent ensuite à quitter avec lui la maison paternelle, et à se confier à son seul appui ; et quel art n’a-t-il pas fallu pour justifier une telle démarche, aux yeux des personnes les plus sévères ? Clarisse a pour Lovelace un goût qu’on appelle conditionnel ; mais qui est aux yeux du lecteur un goût positif, et d’un autre côté son séducteur est épris de la plus