Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/142

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ensuite j’ai véritablement assisté à l’enterrement de l’infortunée Clarisse. Le bruit du char funèbre s’est fait entendre à moi, comme à ses parens, et le son des cloches a pénétré au fond de mon cœur. Voilà, Madame, ce que j’ai éprouvé à ma première lecture, que l’intérêt et la curiosité me pressaient d’achever : je ressemblais à un homme qui ayant fait quelques pas en essayant de descendre une haute montagne, est obligé de courir sans s’arrêter, et je n’ai comme lui contemplé qu’au bas de la montagne, l’espace que j’avais parcouru. C’est alors que réfléchissant, je me suis rendu compte de quelques circonstances qui m’avaient arrêtée un moment en lisant, sans qu’il me fût cependant possible, abandonnée entièrement au sentiment, de raisonner et d’approfondir ce qui me paraissait choquer un