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modestie qui n’avait rien d’affecté a réfléchi quelques momens et nous a dit : le récit de mes sentimens et de mes opinions ne peut être digne d’exciter votre curiosité que par la vérité, et à cet égard je ne tromperai pas votre attente ; enfin, si ce que j’ai à vous dire peut faire passer une soirée agréable à une société à qui j’ai tant d’obligation, je dois, rassuré par son indulgence, m’empresser de lui obéir. J’avais environ vingt ans au commencement de la Révolution, ainsi je n’ai pu figurer parmi les acteurs de cette terrible tragédie ; mais j’ai vu de près les personnages les plus importans, et j’ai été témoin de quelques événemens. J’ai entendu des hommes éclairés et instruits converser sur les plus grands intérêts, discuter en liberté des questions dont auparavant on n’osait sonder la profondeur. J’ajouterai