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forment la plus parfaite harmonie, il doit la comparer à ce que son imagination lui offre de plus parfait ; il doit la regarder comme un ange envoyé du ciel pour le secourir.

Je suis plus affectée que vous de la diminution de fortune de votre mari ; non que je croie que la fortune soit nécessaire pour être heureux ; mais le passage d’une aisance considérable à une situation étroite et gênée, dispose souvent à l’aigreur, et nécessite une attention soutenue sur les plus petits détails domestiques. Un mari attribue quelquefois au défaut d’économie de sa femme l’insuffisance de ses moyens ; enfin il me semble que dans un ménage où le contentement ne vient pas uniquement de l’étroite union des ames, l’abondance éloigne une foule de sujets d’humeur et relâche les nœuds trop étroits de la dépendance