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dangers. Ah ! laissons ce triste sujet ! il faut détourner les yeux des choses qu’il est impossible de fixer sans frémir. Ma mère s’occupe toujours de mille soins relatifs à mon mariage, mais il me semble que le moment n’en arrivera jamais. Un tel changement d’état, un tel bonheur contemplé dans une prochaine perspective ne paraît pas possible. Quand on met à la loterie on est rempli d’abord de l’espoir de gagner ; mais à mesure que le moment du tirage approche, la crainte succède à l’espérance. J’éprouve depuis plusieurs jours une mélancolie que je ne puis vaincre ; mille craintes m’environnent ; plus je suis près du bonheur, plus je redoute les obstacles. Ah ! les obstacles, c’est peu dire !… Adieu, ma chère amie.

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