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Dans quelle douce rêverie nous étions souvent plongées toutes deux, en entendant le bruit de la chûte du Rhin, près de Rudesheim ! nos ames recueillies semblaient se correspondre sans l’entremise des sens ; nous nous embrassions quelquefois avec transport, au sortir de cette rêverie, comme l’on fait après une conversation où l’on s’est donné des témoignages de tendresse. Au reste, ma chère amie, je vous regrette par tout : quand je lis, pour vous communiquer mes réflexions, et m’éclairer de votre jugement ; quand je suis dans le monde, pour vous rendre compte de ce qui me frappe, et observer en commun les ridicules, et la pantomime des prétentions. Votre Émigré d’après ce que vous m’en dites, me paraît fort intéressant, et vous m’inspirez la curiosité de le voir. Il n’y a point de