que les autres, et dans ce temps où les Français croient que tous les hommes sont égaux, ce n’est pas peu pour un valet de cette nation de parler de son maître avec respect : il faut qu’il y soit en quelque sorte forcé par ses grandes qualités. Le marquis de St. Alban souffre toujours beaucoup ; il garde sa chambre et nous allons tous les soirs passer deux heures avec lui pour le distraire. Mon oncle se plaît à l’entendre ; il dit qu’il n’a jamais vu un Français si modeste, et je ne puis m’empêcher d’être de son avis, sans connaître autant que lui les Français, parce qu’il ne me paraît pas possible d’avoir des manières plus simples, de parler de soi avec plus de réserve, et des autres avec plus d’indulgence. Il y a deux jours que souffrant moins, il fit l’effort de venir prendre du thé dans le sallon ; il y
Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 1.djvu/44
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.