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charge. Je me dis souvent : je n’intéresse aucun de ceux que je vois ; je puis vivre, souffrir, mourir, sans exciter un sentiment, sans qu’il y ait une larme de versée ; mon esprit et mon cœur me sont inutiles et à charge par leurs besoins. Je ne puis ni converser sur les objets dont je me suis occupé, ni m’attacher à personne, et mes avances seraient regardées comme des calculs intéressés. Mon cœur est surchargé de son propre poids, il voudrait se répandre et il est arrêté par l’indifférence qu’on lui oppose, douloureusement froissé par la défiance ; ou, si je sors dans les rues je m’apperçois souvent que je suis pour le peuple un objet de haine ou de mépris ; car, il ne faut pas s’aveugler sur ses dispositions. Il admire les succès des brigands appelés Patriotes, et les mots décevans