en y réfléchissant plus attentivement, j’ai pensé que son ame sensible aurait été flétrie par des spectacles pleins d’horreur, et affaissée sous le poids de tant de maux. C’est dans le sein de la paix qu’il est descendu dans son cœur pour y chercher des sentimens doux et touchans, pour en saisir si habilement toutes les nuances ; il a pu alors choisir des expressions convenables et proportionées. Les mots atroces, affreux, terribles, monstrueux, mille et mille fois répétés, employés à chaque instant deviennent insignifians, et il faudrait d’autres expressions pour exprimer un crescendo de crimes et d’infortunes qui va à l’infini. Le plus simple récit fait alors plus d’effet, et je l’ai éprouvé ce matin. Ma sensibilité a été singulièrement affectée par un exposé simple et naturel des malheurs des Émigrés.
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