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dès qu’on eut pénétré les dispositions des Français ; chacun se hâta de prévenir leur arrivée, et de sortir de la ville. L’allarme fut si vive, la précipitation si grande, que l’on ne se donna pas le temps de rassembler le peu d’effets précieux qu’on aurait pu emporter ; je fus du nombre de ceux qui prirent ce parti et je pensai que le plus sûr était de se rendre à Turin, où l’on avait lieu de croire que les Émigrés seraient accueillis favorablement. Dans peu d’heures le chemin du Col de Tende fut couvert de monde, de vieillards, d’enfans, de femmes grosses, d’autres qui portaient sur leurs bras leur enfant qu’elles nourrissaient ; des magistrats, des évêques, des moines dispersés sur cette route fuyaient consternés. Un évêque de quatre-vingts-trois ans, entre autres, offrait le spectacle le plus