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des esprits se joignait à la fermentation générale, et je choisis Nice pour y attendre en sureté le dénouement de la scène tragique qui fixait l’attention de l’Europe. Plusieurs personnes distinguées de la Provence s’y étaient ainsi que moi réfugiées ; j’étais dans cette ville à portée de recevoir promptement des nouvelles de France, et la douceur charmante du climat ainsi que la société de quelques personnes du pays et de mes compatriotes adoucissaient les regrets de mon exil, enfin l’espérance soutenait mon courage ; mais la journée du 10 Août et la captivité du Roi remplirent mon esprit des plus noirs pressentimens. Bientôt après une armée Française s’avança près du Var, jeta l’épouvante dans la ville de Nice et dans tout le Piémont. Une terreur panique s’empara des esprits,