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petit secrétaire Français qui faisait mes lettres d’amour, et qui me disait toujours qu’il en savait écrire de brûlantes ; tous mes amis me l’empruntaient, et cependant le papier d’aucun n’a jamais pris. Mais mon oncle, lui ai-je dit, vous donnerez à monsieur le Marquis mauvaise idée des bons Germains, car vous parlez comme un Lovelace. — Je n’ai jamais lû votre Lovelace ; mais qu’entendez-vous par bons ; je veux que monsieur le Marquis sache que nous n’en sommes pas plus bêtes, et j’ai connu un vieux comte Frizzamberg qui avait été l’intime du duc de Richelieu à Vienne, et qui ne lui cédait en rien pour ce qui est de la galanterie. Laissez dire mademoiselle Émilie, monsieur le Marquis ; à l’entendre il faudrait que tous les maris fussent des Céladons ; qu’ils soient braves à la