il serait à désirer, pour l’honneur de l’humanité, qu’on pût perdre à jamais la mémoire. Peut-être que mon émigration a été la cause de la mort de mes parens, cette idée me poursuit souvent et aggrave les chagrins qui m’accablent. Quand l’armée des Princes a été dispersée, j’ai songé aux moyens d’employer utilement mon faible courage, et je me suis adressé à un de mes parens qui est lieutenant-général au service de Prusse ; il a bien voulu me prendre pour son aide-de-camp, en attendant que je puisse servir dans une armée Française. Mon père a trouvé le moyen de me faire passer des fonds qui m’ont suffi jusqu’à ce moment, et peuvent m’aider à gagner des temps plus heureux. Voilà mes aventures jusqu’à ce jour, jusqu’au moment où j’ai été accueilli avec tant de générosité,
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