revins à Paris consterné des dispositions où j’avais vu une partie des troupes, et l’ame flétrie de la cruelle fin de madame de Granville. Mon père après avoir parcouru l’Europe venait d’y arriver, et il fut témoin de la mort de ma mère, auprès de laquelle il s’était rendu pour lui donner ses soins ; le hasard avait fait rencontrer à ma mère la troupe de cannibales qui promenait les têtes sanglantes de Berthier et Foulon, avec lesquels elle avait eu quelques liaisons ; à cet effroyable aspect elle tomba évanouie dans sa voiture, on la ramena chez elle, et sa santé déjà languissante ne résista pas à l’atteinte que lui porta ce hideux spectacle ; elle se réveillait en sursaut, poursuivie en rêve par l’aspect des visages affreux et déformés de ces malheureuses victimes des fureurs populaires.
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