années, et de vous faire part de l’impression que m’ont fait éprouver les commencemens de la Révolution. Je vais en continuant un récit auquel l’amitié seule peut trouver quelque intérêt, vous parler d’un événement qui affecte mon cœur d’un douloureux souvenir, et qui vous fera connaître à quelles barbaries se porta en peu de temps un peuple, dont on vantait la douceur et l’humanité.
Une jeune veuve, après la mort de son mari, s’était retirée quelque temps dans un couvent ; elle vint habiter une terre voisine de la mienne. Je fis connoissance avec elle. Madame de Granville, c’était son nom, n’était point une de ces personnes célébres par la beauté, ou des prétentions à l’esprit, elle avait vécu loin du monde, avec un vieux mari, et avait exercé son esprit pour s’occuper,