monstres. Délivre-toi d’un homme qui n’est pas ton père, et dont le nom déshonorerait ta gloire.
thésée. — Pourquoi, malheureux vieillard, vous offrir de vous-même à la mort ? Insensé ! que voulez-vous faire ? fuyez, cachez-vous, épargnez un crime à la main d’Hercule.
hercule. — C’est bien. J’ai exterminé la famille d’un infâme tyran. C’est à toi, épouse du grand Jupiter, que je viens d’immoler ces victimes. Mes vœux étaient dignes de toi : je les ai accomplis sans regret. Je trouverai dans Argos d’autres victimes à t’offrir.
amphitryon. — Ton sacrifice n’est pas complet, mon fils : il faut l’achever. La victime est au pied des autels. La tète inclinée, elle attend la main qui doit l’immoler. Me voici, j’appelle, je provoque tes coups. Frappe donc… Mais quoi ! sa vue se trouble, un nuage de douleur se répand sur ses yeux. Je vois sa main trembler. Le sommeil s’empare de lui. Son front fatigué se penche sur sa poitrine. Ses genoux s’affaissent, et le voilà qui roule à terre de tout son poids, comme un frêne qui tombe dans les forêts, comme une digue jetée à la mer pour y former un port. Vis-tu ? ou le délire, qui t’a porté à détruire ta famille, t’a-t-il détruit toi-même ? 11 dort ; il respire. Laissons-le reposer quelques instants, afin que le calme profond du sommeil apaise le trouble vio-