moindres signes. Pourrais-je, avec le souvenir de mon frère assassiné, recevoir les caresses de son bourreau qui s’est emparé de son trône et jouit ainsi d’un trépas dont il est l’infâme auteur ?
Que de fois l’ombre désolée de mon frère s’offre à moi, quand le sommeil a fermé mes yeux fatigués de larmes ! Tantôt il arme ses faibles mains de noirs flambeaux, et s’élance avec fureur pour frapper son frère au visage ; tantôt il vient, tout tremblant, se réfugier dans mon lit. Son ennemi le poursuit, et, me voyant attachée à mon frère, il plonge violemment son épée dans mon flanc. Le saisissement et l’effroi me réveillent en sursaut, et me rendent à mes douleurs et à mes transes perpétuelles. Je dirai plus. Une orgueilleuse concubine se pare de mes dépouilles. Néron, pour lui complaire, a fait monter sa mère sur un vaisseau, comme sur la barque des morts, et l’a égorgée ensuite après un affreux naufrage, surpassant ainsi la fureur des flots qui l’avaient épargnée.
Quel espoir de salut me laisse un pareil attentat ? Mon ennemie victorieuse veut envahir ma couche. Elle me poursuit de sa haine, et, pour prix de son adultère, elle veut obtenir la tête de la légitime épouse. Sors de la tombe, ô mon père ! et viens au secours