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Le lion terrible de Némée a senti la puissante étreinte de tes bras, ainsi que la biche du Ménale, et le sanglier furieux qui ravageait les champs de l’Arcadie. Sous tes coups est tombé l’horrible taureau venu des campagnes de Crète. Il a dompté l’hydre cruelle aux têtes renaissantes, et triomphé de cette puissance qui se fortifiait par la mort. Il a tué comme en se jouant, d’un coup de massue, le terrible Géryon, monstre gigantesque aux trois corps, et il a emmené ses troupeaux des bords de l’Hespérie jusque vers les lieux où le soleil se lève. Les chevaux de la Thrace que leur maître cruel ne nourrissait point dans les pâturages du Strymon, ni avec les herbes qui croissent sur les rives de l’Hèbre, mais du sang de ses hôtes, Hercule les a ravis après leur avoir fait boire enfin le sang de ce barbare. Il a dépouillé la fière Hippolyte du baudrier qui couvrait son sein : ses flèches ont atteint sous la nue les oiseaux de Stymphale. Les arbres aux fruits d’or, qu’on n’avait jamais cueillis, ont éprouvé la main de ce héros, et leurs branches se sont redressées plus légères : le dragon, vigilant gardien de ce trésor, n’entendit le bruit des rameaux qu’au moment où l’heureux ravisseur quittait, chargé de sa proie, le jardin dévasté. Traîné sous le soleil, le chien du Tartare demeura muet sous sa triple chaîne ; aucune de ses gueules ne fit entendre un aboiement, tant l’éclat nouveau du jour lui causait d’effroi ! Tu as détruit la maison