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éteint dans leurs cœurs : ils bravent le trépas ; ils volent au secours de l’impératrice dont les forces sont épuisées, et qui ne se soutient plus ; ils l’encouragent de leur voix, et la soutiennent de leurs bras.

Mais, hélas ! infortunée, que vous sert d’avoir échappé aux flots ? il vous faut mourir de la main de votre fils ; crime affreux que la postérité ne croira jamais. Il est furieux de savoir que sa mère est délivrée des flots ; le monstre est désespéré d’apprendre qu’elle vit encore, et tente une seconde fois l’exécution de son noir dessein. Il précipite sa mort, et ne peut souffrir le moindre retard. Un satellite farouche vole exécuter son ordre, et perce le sein de l’impératrice. Elle, au moment de mourir, prie son meurtrier d’enfoncer le glaive dans ses flancs : « Voilà, dit-elle, où tu dois frapper : c’est le ventre qui a porté un pareil monstre. » À ces mots, elle pousse un dernier soupir, et son âme indignée s’échappe par sa cruelle blessure.