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OCTAVIE.

Ce ne sont pas tes vœux qui règlent mon sort, mais la destinée.

LA NOURRICE.

Un dieu propice regardera vos douleurs et vous enverra de meilleurs jours. Essayez seulement de ramener par votre douceur et vos caresses le cœur de votre époux.

OCTAVIE.

Je fléchirais la rage des lions et des tigres plutôt que l’âme de ce tyran féroce. Il hait tout ce qui sort d’un sang illustre ; il ne craint ni les hommes ni les dieux, enivré de la puissance que son odieuse mère lui donna par le plus grand des crimes. Quoique, dans son ingratitude, il rougisse de devoir à sa mère la reconnaissance d’un pareil bienfait ; quoiqu’il lui ait donné la mort en échange de l’empire, elle n’en conservera pas moins, après son trépas et dans la suite des âges, la gloire affreuse de le lui avoir donné.

LA NOURRICE.

Calmez votre colère, et ne laissez pas échapper ces paroles imprudentes.

OCTAVIE.

Quand même je pourrais souffrir mes malheurs avec patience, il est toujours vrai qu’ils ne finiront que par une mort cruelle. Après le meurtre de ma mère, après l’assassinat de mon père, après la perte de mon frère.