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Plût au ciel que la cruelle main des Parques eût coupé la trame de ma vie avant cet instant où j’ai vu ton sein déchiré par le fer, et ton visage souillé de ton sang !

O jour à jamais funeste ! la lumière, depuis lors, m’est plus odieuse que les ténèbres de la mort. Il m’a fallu souffrir la tyrannie d’une cruelle marâtre, et sa haine inflexible, et son regard menaçant. C’est elle, c’est cette furie qui alluma les torches fatales de mon hymen ; c’est elle qui t’a ravi le jour, ô mon malheureux père, toi qui naguère étais maître du monde entier, jusqu’au delà de l’Océan, et voyais fuir devant toi les Bretons, peuple libre jusqu’alors, et encore inconnu de nos guerriers. O mon père ! tu as succombé sous la perfidie de ton épouse, et ta famille esclave gémit sous les lois d’un tyran cruel !


SCÈNE II.

LA NOURRICE D’OCTAVIE.

Vous qui vous laissez prendre à de brillans dehors,