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ACTE II



Scène I

La Nourrice, Déjanire

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Lichas, personnage muet

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La Nourrice

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Quelle douleur amère, quel tourment cruel pour une épouse, de voir une concubine partager ses droits dans la maison conjugale ! Charybde et Scylla, qui roulent avec tant de violence les vagues de Sicile, sont moins redoutables, et il n’est point de bête féroce qui soit plus à craindre qu’une femme dominée par la jalousie. Dès que la beauté de cette jeune captive a paru dans ce palais, et que la jeune Iole s’est montrée brillante comme un jour sans nuage, et pure comme une étoile qui étincelle par une nuit sereine, l’épouse d’Hercule est devenue furieuse et a laissé tomber des regards sombres. Une tigresse d’Arménie, à la vue du chasseur qui vient pour lui ravir ses petits, s’élance avec moins de rage. Pareille à la Ménade qui au moment de balancer le thyrse, et déjà pleine du dieu qu’elle porte en son sein, demeure un instant indécise, elle a hésité quelque temps ; mais bientôt elle s’élance comme une furieuse à travers les appartements, qui même n’offrent plus assez d’espace à son délire. Elle