Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/61

Cette page n’a pas encore été corrigée

Dircé. On y voit de noirs cyprès, qui, s’élevant de la profondeur de ce bois , le dominent de leur tête superbe , et le couvrent de leur. éternelle verdure , et un vieux - chêne aux rameaux inclinés, et eonsumés par le temps ; les siècles rongeurs ont ouvert son flanc, ses racines épuisées ne le soutiennent plus, et des troncs étrangers lui servent d’appui. Là, croissent aussi le laurier aux fruits amers, le tilleul au bois léger, le myrte de Paphos, l’aune , destiné à armer les bras des rameurs qui fendent les vastes mers, et les pins, dont les troncs droits et unis forment un rempart contre le soleil et les vents.

Au milieu s’élève ce vieux chêne, qui presse de son ombre immense la forêt qu’il domine, et seul, par l’é- tendue de ses rameaux , la couvre tout entière. Au des— sous, dort une eau stagnante, privée de lumière et de soleil, et éternellement glacée ; un marais bourbeux s’étend à l’entour.

A peine arrivé, le vieillard commence, à l’instant même, son noir sacrifice, trouvant, dans l’obscurité du lieu , la nuit dont il a besoin. Il creuse la terre et y jette des flammes retirées d’un bûcher ; lui-même se couvre d’un vêtement lugubre, et se frappe le front. Sa robe funèbre traîne jusqu’à ses pieds ; il s’avance tristement dans cet appareil affreux. L’if’ des tombeaux couronne ses cheveux blancs. On traîne par derrière des brebis et des vaches noires ; la flamme dévore les viandes sa- crées, et les victimes vivantes s’agitent au milieu de la flamme qui les dévore.

Alors il appelle les Mânes et le dieu qui les tient sous son empire, et celui qui garde les barrières du fleuve