ma cause. Sa justice la reconnaîtra bonne, ou sa clémence la rendra telle ; mais le bienfait sera égal pour moi, soit qu’il me voie, soit qu’il veuille me voir innocent. Heureux toutefois jusque dans mes malheurs, j’aime à considérer son active compassion parcourant tout le globe ; de ce même coin de terre où je suis enseveli, tant d’infortunés, plongés dans l’oubli d’une disgrâce de plusieurs années, en ont été arrachés par lui et ramenés à la lumière ! je ne crains pas d’être le seul qui échappe à sa pitié. Mais qui sait mieux que lui l’instant où il doit venir au secours de chacun ? Je ferai tout pour que sa clémence ne rougisse pas de descendre à moi. Bénie soit-elle, ô César ! Par elle, en effet, des bannis vivent sous ton règne avec moins d’alarme que naguère les premiers de l’empire sous Caligula. Plus d’angoisses, plus de glaive d’heure en heure attendu : chaque voile, qui se montre à l’horizon, ne nous fait plus pâlir. Grâce à toi, les rigueurs du sort ont leurs bornes ; l’avenir nous le fait espérer meilleur, et le présent est assuré. Ah ! sans doute, la foudre est juste dans ses coups, quand ceux même qu’elle frappe la révèrent.
XXXIII. Ainsi donc, Polybe, le prince, qui est le consolateur de tous les humains, a déjà, si je ne me trompe, soulagé votre âme et applique, sur une si grave blessure, des remèdes encore plus puissants ; il n’a rien omis pour vous raffermir : tous les exemples propres à vous inspirer la résignation, sa mémoire si fidèle vous les a rapportés ; il vous a développé les préceptes de tous les sages avec son éloquence ordinaire. Nul n’aurait mieux rempli que lui cette tâche de consolation. De tels discours auront un tout autre poids, tombant de ses lèvres